A l'heure où l'Ardèche se réveille au son des pédales automatiques, je m'élance seul vers la Chartreuse sous un ciel menaçant. Pas d'Ardéchoise pour moi cette année, mais l'envie de me remettre un dossard dans le dos revient fort. Il n'est pas exclu que cela arrive avant la fin de la saison.
Pour accéder à ce massif que je ne connais pas encore il me faut traverser Grenoble. A cette heure matinale ce n'est pas un problème, cela va même tellement vite que je suis à deux doigts de manquer la route qui grimpe au col de Clémencière.
La route s'élève régulièrement au dessus de la ville, transition parfaite entre le béton grenoblois et la nature verdoyante de la Chartreuse.
Au sommet de ce premier col je bifurque sur la droite pour rejoindre le col de Vence. Déjà mon choix vestimentaire du jour me semble être le bon. Je suis parti en manches longues et avec les genouillères, et si dans la vallée je commençais à avoir chaud ce n'est plus du tout le cas. L'humidité est bien présente, même si pour le moment la route reste sèche.
Au col de Vence je continue la grimpette en direction du col de Porte. Une petite bruine m'accompagne sur la fin du col, bruine qui se mue en pluie régulière dans la descente. La route est détrempée, la prudence est de mise sur ces routes que je ne connais pas. Je ne peux même pas profiter du paysage.
L'ascension du col du Cucheron se fait sous la pluie. Je suis trempé, mes pieds baignent dans les chaussures. Heureusement que ça grimpe, cela permet de me réchauffer ! Depuis le col de Porte la température est descendue sous les 10°C (seulement 7°C à 1300m), j'essaie de m'activer autant que possible pour ne pas me refroidir.
Si il pleuvait dans la montée du Cucheron, la descente se fait sous un véritable déluge. Je ne vois pratiquement rien, d'autant plus que d'épaisses nappes de brouillard réduisent par moment la visibilité à peau de chagrin. Je me fie aux feux d'une voiture qui me précède d'une centaine de mètres.
A Saint Pierre d'Entremont la pluie cesse. Maintenant je m'attaque au col du Granier pour me réchauffer. Encore au pied de l'ascension je distingue un cycliste qui descend. Tiens, je ne suis pas le seul tordu à être sorti aujourd'hui ? C'est Sébastien, évidemment, en sortie de "récupération" avant de partir pour la RATA. Lui aussi a été surpris par cette pluie imprévue.
Nous reprenons nos routes respectives rapidement avant que le froid ne nous prenne. J'ai un peu de mal à remettre la machine en route, il me faudra quelques kilomètres pour retrouver des sensations plutôt bonnes malgré les conditions météo difficiles. Heureusement, et comme Sébastien me l'avait dit, le soleil semble vouloir prendre le dessus. Pour le moment ce ne sont que de timides apparitions, mais il faut être optimiste !
Le col du Granier est vite expédié, peu pentu de ce côté-ci. Je fais une courte pause au sommet pour me ravitailler avant de plonger dans la descente vers Chapareillan.
Un régal cette descente ! Rapide, avec de beaux virages et de gros freinages, je peux enfin me lâcher et profiter de la route sèche. Peu à peu l'atmosphère se réchauffe au fur et à mesure que je perd de l'altitude. De nombreux cyclos grimpent, souvent dans le dur. Il faut dire que ce versant là est autrement plus pentu que celui que j'ai escaladé.
Peu avant Champareillan je tourne sur la droite en direction de Bellecombe. La pente s'inverse rapidement et je me retrouve encore une fois aux prises avec la pesanteur.
Je suis la route des Petites Roches, charmant ruban asphalté qui épouse les formes du massif. Agrémentée d'une succession de bosses et dépourvue de circulation cette route est idéale pour le vélo. Malheureusement dès Saint Marcel d'en Haut je retrouve le brouillard et le froid. Le paysage reste bouché, excuse pour que je revienne dans le coin un jour de grand beau temps.
La route grimpe jusqu'au col de Marcieu, puis je quitte la Chartreuse pour aller du côté de Belledonne. Une courte traversée de vallée mise à profit pour me ravitailler avant la suite des hostilités.
Dès la sortie de Tencin la route remonte. Je commence à ressentir la fatigue alors qu'il me reste encore quelques belles bosses à passer. Je profite de la fontaine de Theys pour faire le plein des bidons avant de poursuivre vers le col des Ayes. Ce que je sentais au sortir de la vallée se confirme soudain : plus de jus. Je poursuis patiemment pour passer difficilement ce col, où je fais une pause un peu plus longue.
La succession de bosses qui jalonnent cette route est véritablement usante. Les pentes ne sont pas démesurées, mais l'accumulation des efforts depuis le matin ainsi que la pluie et le froid m'ont bien entamé. En plus la température repart à la baisse et d'épais nuages noirs accrochés aux sommets n'augurent rien de bon pour la suite.
Heureusement cette fois-ci j'ai le paysage pour me donner du baume au coeur. Mais encore une fois il faudra que j'y revienne par beau temps pour vraiment m'en mettre plein les yeux. Là je suis plus occupé à me réchauffer et à me hâter doucement pour ne pas reprendre la pluie avant de rentrer.
Heureusement que les derniers kilomètres sont en pente descendante, je n'ai plus beaucoup de force. Si j'avais initialement envisagé de grimper à Chamrousse pour finir cette jolie boucle, le mauvais temps en altitude mais surtout la fatigue me font rentrer au plus court.
Bien que très fatigué je suis satisfait de cette sortie. J'ai quand même eu plus de chance que les milliers de cyclos qui ont pris des trombes d'eau sur la tête du côté de Saint Félicien.
Le parcours :
La télémétrie :
La sortie en chiffres :
Distance : 176.2 km
Dénivelé : 4480 m
Durée : 7 h 48
Vitesse moyenne : 22.6 km/h
FC moy / max : 139 / 176