Premier week-end en Provence depuis le déménagement, il y a maintenant 6 semaines. Et bien entendu le vélo a été du voyage, impossible de faire l'impasse sur mes anciennes routes d'entraînement. Samedi matin nous partons donc avec mon père, dans une fraîcheur et un brouillard inhabituels en cette saison.
Vous vous doutez bien que le point d'orgue de cette matinée cycliste est le Ventoux, comment peut-il en être autrement ? Mais avant cela nous allons nous échauffer du côté de Pernes les Fontaines et Saint Didier. C'est dans ce coin que nous quittons la brume et retrouvons un soleil somme toute timide.
J'ai un peu de mal dans les premières bosses, pourtant bien sages par rapport à celles que je découvre en Isère. Mon père lui a l'air plus en jambes, il est toujours plus vite "chaud" que moi. Pour le moment je me contente de suivre en essayant de ne pas trop faire monter le coeur. Enfin je gère plutôt aux sensations puisque j'ai oublié de mettre la ceinture du cardio dans la valise...
En descendant sur Vénasque nous revenons sur un groupe bien connu sur les routes vauclusiennes. Ses membres, pour le moins expérimentés, sont parmi les plus assidus à la pratique de la petite reine. Et toujours de bonne humeur !
Après quelques mots échangés nous poursuivons notre route vers Mallemort puis Méthamis. Je commence à me sentir mieux, les bosses sont grimpées plus facilement. En prenant la direction de Villes sur Auzon voilà le Géant pile en face. Mais nous n'en voyons pas le sommet, dissimulé derrière un léger nuage. Rien d'inquiétant.
En remontant sur Mormoiron mon père se ressent encore de sa blessure causée par le contact forcé avec une automobile indélicate. Il prend la décision de ne pas m'accompagner dans l'ascension d'un Ventoux qui pourrait être fatal à la poursuite de sa saison, nous nous quitterons donc à Sainte Colombe.
Les premiers kilomètres d'ascension sont assez rapides. Je suis surpris de pouvoir conserver la plaque bien plus longtemps que la dernière fois. Pourtant après être monté à Chamrousse jeudi je n'étais guère optimiste : il m'a fallu 1h17 par Uriage sud, pas de quoi espérer faire tomber la barre de l'heure et demie sur ma montagne préférée.
Je reviens au contact d'un gars affûté peu avant le hameau des Bruns, puis sur un autre cyclo déjà rouge et haletant. Mais voilà que celui-ci force le passage sur la droite dès le virage de Saint Estève passé. Il explose littéralement quelques centaines de mètres plus loin... Drôle de façon d'aborder le Ventoux.
Quant à moi les bonnes sensations se confirment. Le fait de connaître cette route par coeur est aussi un avantage, je peux me permettre de récupérer en certains endroits tout en tombant une dent.
Juste après avoir passé le Pavillon de Rolland un avion me dépose. Surpris de cette impressionnante différence de vitesse je jette un oeil à mon compteur : 16km/h ! Mais à combien il grimpe lui ?!? Je suis rapidement rassuré en constatant que l'écart qui s'est vite creusé se stabilise. Et au détour d'un virage je le vois assis sur le bas côté, peinant à reprendre son souffle. Ils sont tous fous ou quoi ?
Chalet Reynard : 59 minutes. Si je ne faiblis pas l'objectif est tout à fait envisageable, voir même beaucoup mieux. De plus un léger courant d'air venant du sud me porte doucement. C'est toujours mieux que le mistral ! Comme souvent je commence à piocher à deux kilomètres du but. Quelques centaines de mètres plus loin revoici le brouillard, le sommet est toujours invisible. A ce moment je double Philippe Chassagne, cet ultra qui a embarqué le vélo couché blessé dans la nuit du RPE.
Dernier virage, debout sur les pédales. Pas grand monde au sommet, il fait trop frais. Le chrono m'annonce 1h24, plus de 15 minutes gagnées en 8 semaines, la montagne a du bon.
J'enfile rapidement un coupe-vent et attends Philippe. Après avoir brillamment bouclé le RPE il prépare le Défi des Fondus de l'Ubaye, une autre belle partie de manivelles au profit d'une cause honorable. Dans cette optique il est venu au Ventoux pour faire du dénivelé.
Je ne m'attarde pas et entame une première partie de descente prudente. La visibilité est très moyenne et quelques voitures montent tous feux éteints. Pas cool ! Heureusement je sors rapidement des nuages et peux ainsi prendre de la vitesse tout en profitant d'une vue toujours aussi sympathique.
Le reste de cette descente me permet de passer par deux fois les 90km/h, toutefois ralenti par un coupe-vent trop grand. Au moins avec un tel bruit de drapeau on m'étend arriver de loin !
Le retour se fait par les Dentelles de Montmirail. Comment exprimer ce que je ressens en parcourant ces routes ? Je ne sais pas, c'est indescriptible. Je savoure.
La fin de la matinée est toute lisse, ça change. Cela me permet de soigner ma moyenne, en prenant toutefois garde de ne pas déclencher les crampes que je sens poindre. Je grimpe plus vite certes, mais je manque toujours de coffre. C'est le prix à payer pour une pratique que le manque d'objectif ne permet pas de structurer. Au moins je retrouve des sensations que je pensais perdues pour de bon.
Je rentre donc à Vedène en traversant Beaumes de Venise, Sarrians puis Entraîgues après avoir longé l'Ouvèze. Dommage pour ces crampes car je ne suis pas plus fatigué que ça. Elles sont probablement dues à un sur-régime un peu trop long. Pas de cardio, pas de preuves ! Mais finalement moins de contraintes psychologiques aussi...
Le parcours :
La sortie en chiffres :
Distance : 134.4 km
Dénivelé : 2370 m
Durée : 4 h 45
Vitesse moyenne : 28.3 km/h