L'objectif de ma longue sortie hebdomadaire est simple : atteindre les 300km, si possible en soignant le dénivelé. J'avais convié quelques "fondus" de distances honorables à partager cette journée, mais les aléas et les obligations de chacun ont fait que je me suis retrouvé seul la veille au soir. Pas grave, je maintiens le parcours et l'adapterai en fonction des conditions, tant météo que physiques.
En partant seul, et vu le profil quelque peu accidenté du parcours, je mise sur une vitesse moyenne de 25 km/h, soit une douzaine d'heure de selle plus les inévitables pauses (ben oui, moi je dois manger en cours de route, je ne m'appelle pas Sébastien). Donc pour être rentré avant la nuit je m'élance dès que la luminosité le permet, à 7 heures.
La journée commence cool, par une petite heure de plaine avant de rejoindre les massifs. J'ai le temps de m'échauffer tranquillement en profitant du soleil levant sur le Ventoux. Et l'échauffement n'est pas de trop, il ne fait que 2°C en rase campagne.
Mais dès la première petite bosse je sens que la journée sera longue et dure... Les jambes ne répondent pas comme elles devraient, le coeur reste très bas. Je n'ai visiblement pas récupéré de mon test de la veille à l'issue duquel j'ai dû resté assis dans ma cave pendant près de 30 minutes avant de pouvoir remonter chez moi. Ça a été violent et je vais le payer !
Arrivé à Beaumes de Venise je m'attaque à la première réelle difficulté de la journée, à savoir le col de Champ Paga. Je vais encore une fois grimper les trois cols des Dentelles de Montmirail, un enchaînement devenu habituel.
Je ne coince pas mais ce premier col confirme que je ne suis pas dans un grand jour. Je reste patient et accepte la supériorité de la pente sur ma condition physique. De toute façon j'arriverai en haut et je continuerai.
En effet je bascule dans la descente vers Le Barroux pour remonter presque aussitôt en direction du col de Suzette. Toujours aussi dur ce passage à 13%, dressé sur les pédales sous le regard amusé d'un papy en tracteur. Même pas mal !
Après Suzette viens... le col de la Chaîne, félicitations à ceux qui ont deviné connaissant mes parcours favoris. Celui-là je le passe mieux, peut être sous l'effet du soleil qui réchauffe doucement l'atmosphère.
Descente rapide sur Malaucène et je remonte sur le petit col de Saint Michel. Je m'applique à ne pas faire monter le coeur, et de toute façon il n'a pas l'air de vouloir. Plutôt que de tirer directement sur Bédoin je préfère poursuivre la descente jusqu'au Barroux pour aller chercher la petite route qui grimpe au lac du Paty. Voilà une petite route bien sympathique : étroite, sinueuse, pentue et délaissée en ce début de matinée. Idéale pour le vélo !
Une fois le lac passé la forte pente se mue en faux-plat jusqu'à rejoindre le pied du col de la Madeleine. Je hisse ma carcasse aussi tranquillement que possible pour ne pas griller prématurément le peu d'énergie dont je dispose en cette belle journée ensoleillée.
A Bédoin je m'autorise une courte halte pour me ravitailler et me dévêtir en prévision de la "bosse" suivante. Il est tant d'aller chercher ce premier Ventoux de la saison 2010 ! J'avais presque oublié à quel point il est long est difficile. A moins que ce ne soit mes jambes qui refusent de m'emmener là-haut... Toujours est-il qu'il me faudra du temps pour rallier le sommet avec un braquet un peu ambitieux.
Au cours de cette ascension j'ai rapidement compris que je n'arriverai pas à atteindre mon objectif. Heureusement que je suis seul finalement, j'aurai entraîné des gars d'un tout autre niveau dans une sortie qui leur aurait semblé bien longue...
Le temps de m'habiller pour la descente (et j'ai la chance de bénéficier d'une météo exceptionnelle avec 10°C au sommet) et je redescends sur Sault. Je fais un arrêt à Aurel afin de remplir les bidons et l'estomac et décide alors de la suite à donner à cette journée, et bien entendu une fois rassasié et un peu reposé je choisis de poursuivre en direction de Montbrun.
20°C, c'est trop bon ! Emporté par des sensations faussées par le petit répis et la pente descendante je m'engage en direction d'Aulan pour remonter la vallée du Toulourenc et par là même cueillir le col d'Aulan qui m'est inconnu. Ces quelques kilomètres sont vraiment agréables, entre le torrent et la paroi rocheuse creusée par des millions d'années d'érosion.
La fin du col, une fois passé le village d'Aulan, est moins agréable. Je commence aussi à ressentir un gros coup de moins bien et regrette déjà mon choix... Aurais-je dû rentrer plutôt que de tenter cette boucle ? A ce moment je suis certain de la réponse.
Je poursuis aussi patiemment que possible vers Mévouillon puis Séderon. Il me faudra grimper le col de l'Homme Mort dans le prolongement du col de Macuègne pour retrouver le plateau d'Albion. Je prends un gros coup au moral en pensant à ces dix kilomètres d'ascension... Mais pourquoi je suis venu jusque là ?
Pour me faire mal ! Ben c'est gagné, je me demande vraiment comment je vais pouvoir faire pour rentrer tellement je me sens dépourvu de force. Les cuisses me brûlent alors que je peine à me maintenir à 12km/h dans une pente à 4%.
Je ne m'arrête pas au col de Macuègne, de gros nuages bien noirs m'incitent à poursuivre sans trop penser à ma méforme. Il ne manquerait plus que je prenne une rincée. Allez courage, on accélère : 14 km/h ! Ah ouais mais le compteur indique 1%... Pffff...
En seulement quelques kilomètres les nuages prennent le dessus et la température chute de 10°C. Je dois remettre manchettes et coupe-vent avant de redescendre, surtout que le vent s'est levé et bien entendu défavorable. En arrivant sur Ferrassières je ressens les premières gouttes. Non, non, non...
Je continue à descendre vers Sault, devançant un peu les nuages menaçants. Direction les gorges de la Nesque pour quitter au plus vite le coin et ainsi éviter de prendre l'orage sur la tête. Je grimpe la bosse de Monieux plus facilement, à croire que cette menace est efficace, et bascule immédiatement dans la longue descente.
Villes sur Auzon, plus de pluie même si la couverture nuageuse s'est bien installée. Devant moi je repère trois cyclistes qui roulent sensiblement à la même vitesse que moi. Je fais l'effort pour les rejoindre et me caler dans les roues. Ce sont trois triathlètes du club de l'Isle sur la Sorgue qui rentrent en passant par Pernes. Cool je vais profiter de cette aide précieuse pour me refaire une peu la cerise en papotant. Nous passons par Méthamis, Mallemort puis Saint Didier en passant à proximité de Vénasque. Ils roulent plutôt bien, du moins pour suffisament vite pour moi. Nous nous séparons à Pernes, et je termine cette sortie délicate en roue libre.
Je rentre carbonisé, j'ai le plus grand mal à monter les deux étages. J'espère qu'il ne s'agit que d'un problème de récupération car dans une dizaine de jours j'ai prévu bien plus long... Au moins j'ai tenu la moyenne prévue, mais sur un parcours autrement moins difficile que le circuit initial.
Le parcours :
La télémétrie :
La sortie en chiffres :
Distance : 245.5 km
Dénivelé : 4110 m
Durée : 9 h 37
Vitesse moyenne : 25.5 km/h
FC moy / max : 139 / 171