Ma préparation au REV est basée sur un paramètre unique : l'assimilation de l'effort. J'augmente très régulièrement la durée des sorties longues, n'écoutant que les informations que mon organisme me renvoie pour planifier les suivantes. Voilà pourquoi je me suis permis de doubler ce week-end deux belles virées alors que l'objectif est encore très éloigné. Je sais que je peux encaisser sans broncher et que la récupération sera bonne.
Samedi matin, je traîne un peu avant de partir puisque j'ai la journée de libre. La journée étant prévue particulièrement chaude pour la saison cela me permet d'adopter tout de suite pour une tenue légère.
8h30, me voilà en route pour 7h de selle avec l'idée d'aller poser mes roues sur des routes nouvelles mais aussi de faire un peu de dénivelé. Je ne me suis pas fixé de parcours avant de partir, comme souvent maintenant je laisse mes envies tracer le chemin au fur et à mesure des kilomètres. Ces premières envies me conduisent jusqu'à Saint Barthélémy après avoir traversé Vif puis Le Gua. Le col de l'Arzelier n'a pas mes faveurs en ce moment, je préfère grimper jusqu'au Vernay, bien au soleil.
Il n'est que 9h30 et les manchettes sont à peine nécessaires pour la courte descente sur Saint Guillaume. Comme souvent je poursuis vers Monestier de Clermont puis le col du Fau pour ensuite descendre sur le pont de Brion. Je me bride dans les parties montantes en pensant à la journée du lendemain, pas toujours facile de se contenir quand les jambes ont de la ressource.
Plutôt que de remonter jusqu'au col de Cornillon je choisis d'emprunter des routes plus calmes en passant par Lavars, Sandon puis Le Percy. C'est un coin que je ne connais pas encore très bien, et je découvre de belles routes très tranquilles et fort agréables. Alors je continue la visite des villages : Monestier du Percy, Serre des Bailes, Prébois...
Sans être difficiles ces routes ne sont jamais plates. Sur un rythme calme c'est très agréable, avec plus d'intensité cela pourrait se révéler bien plus usant. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, je profite au maximum de l'absence de circulation. Je ne croiserai guère que deux ou trois tracteurs et... une salamandre :
Je poursuis, toujours sur les axes secondaires, jusqu'à Mens. Même sur des routes plus importantes cela reste très calme, cela m'étonne un peu avec cette météo. Le col Accarias n'est qu'une formalité avant la longue descente vers le pont de Ponsonnas, dont la dernière partie dans les gorges du Drac sur une route sinueuse est un régal pour ceux qui aiment se faire plaisir en descente.
Avec le vent de sud qui vient de se lever la remontée qui s'ensuit passe très bien malgré quelques passages pentus. Une fois sur la N85 je ne la suis que sur deux petits kilomètres dans le sens descendant avant de retrouver le calme en bifurquant vers Malbuisson. Encore une route que je ne connaissais pas.
Je ne m'engage pas vers Valbonnais. J'avais bien envie de tirer jusqu'à Bourg d'Oisans mais la circulation y est toujours stressante. Aujourd'hui je préfère rester sur des routes moins fréquentées. Donc je vais vers Siévoz pour ensuite grimper jusqu'à Oris en Rattier où je fais une courte pause pour remplir les bidons. Le faux-plat descendant qui suit est rapide, surtout avec vent favorable, sauf que :
Dans le hameau des Eyverras il n'y a plus de route ! Et en plus la terre est meuble par endroits, sous l'effet de mon poids j'ai tendance à m'enfoncer un peu trop. Bon ce ne sont que 200m à passer, ensuite je retrouve l'asphalte bien lisse.
Que me dit mon envie du moment ? Le col de la Morte ? Non je préfère Malissol pour ensuite aller chercher les Corniches du Drac.
Pour cela il me faut redescendre jusqu'à La Mure, que je traverse rapidement avant de me diriger vers Prunières puis Mayres-Savel. Sur cette portion de route je croise quelques cyclistes, tous en manches longues, voir même jambières. Il fait plus de 20°C, visiblement il doit être psychologiquement difficile d'adopter une tenue estivale début avril. De mon côté je suis en train de rôtir, je sens que je vais avoir droit à mon premier coup de soleil de la saison.
Les Corniches sont toujours aussi belles. Le niveau du lac artificiel du barrage de Monteynard est particulièrement bas, découvrant la roche nue.
Il me reste encore du temps, donc après être descendu au Vivier je remonte jusqu'au Mollard plutôt qu'à Monteynard. Ainsi je peux ensuite rejoindre la Motte d'Availlans puis Notre Dame de Vaulx. J'hésite à pousser jusqu'au col des Creys, mais un coup d'oeil à l'heure m'incite plutôt à rejoindre directement Laffrey. Ainsi je peux descendre sur Séchilienne plutôt que de devoir composer avec des automobilistes toujours réfractaires à l'idée de se faire doubler par un vélo dans la rampe de Laffrey.
Une dernière petite boucle du côté de Jarrie pour passer les 7h et voilà la première journée de ce beau week-end terminée.
Non pas tout à fait. Le soir même débarquent Cricri, Bruno et Valex venus faire le BRM 300 de Grenoble le lendemain. Retrouvailles joyeuses autour d'une bière et du traditionnel plat de pâtes avant une courte nuit. Je tairai ce qu'il s'est passé durant cette nuit-là, des réputations étant en jeu, mais certains ont pris du bon temps...
Dimanche matin, 2h. Dur le réveil, surtout en ayant pu trouver le sommeil que vers 23h30. Juste le temps d'avaler le petit déj' et de se préparer, à 3h tout le monde lève le camp pour se rendre au départ du BRM. Mes compagnons m'abandonnent puisqu'ils s'y rendent en voiture (pour pouvoir rentrer directement le soir, ayant pas mal de route à faire pour certains), quant à moi habitant à 15km je ne pouvais faire autrement que de m'y rendre à vélo.
Il y a pas mal de monde inscrit, environ 150 courageux venus préparer Paris-Brest-Paris. Parmi eux je retrouve quelques têtes connues comme Sophie Matter ou Olivier Buisson (encore venu bouffer des bornes à la vitesse grand V), les amis : Brigitte, Michel, Yann et tous les autres déjà rencontrés en diverses occasions.
Avec Jean-Pierre et Michel (merci Brigitte pour la photo)
Il était prévu que nous fassions ce BRM à deux, avec Yann (qui m'accompagnera sur le REV, tout comme Cricri), en ayant comme objectif de mettre moins de 12h pauses comprises. Je décline donc la proposition d'Olivier... pour le moment.
A 4h pétantes le départ est donné, derrière les ouvreurs qui nous guident jusqu'à la sortie de Grenoble par la piste cyclable longeant le Drac. Une fois lâchés sur la route Yann prend tout de suite la poudre d'escampette, je le suis en me demandant combien de temps il compte tenir ce rythme. Nous sommes rapidement à Vif, où malgré le fait que je sois à 10km de chez moi et les indications du GPS de Yann je m'entête à vouloir emprunter une route qui me tente bien. Bien sûr après quelques minutes nous devons faire demi-tour, perdus sur ce qui est devenu un chemin...
Nous retrouvons le parcours là où nous l'avons quitté comme le veux la règle (nous n'avions d'ailleurs pas d'autre choix), avec maintenant du monde devant. Autant de petites loupiotes rouges à aller chercher ! Les premiers kilomètres du col du Fau sont montés bon train, les groupes de cyclos rapidement remontés. Au sommet nous sommes trois, mais dans la descente irrégulière nous nous retrouvons de nouveau tous les deux. Au pied du col de la Croix Haute nous distinguons un nouveau groupe devant, l'effort est maintenu jusqu'à le rattraper. Olivier s'y trouve, il n'y a donc plus personne devant. Nous nous retrouvons donc à 6 pour finir ce second col avec un vent de face assez sensible sur les derniers hectomètres.
C'est dans les premières lueurs du jour que nous attaquons la descente. Dans les premières lueurs du jour et dans le froid, la température chute à seulement 1°C alors que nous approchons du premier contrôle à Aspres sur Büech, peu avant 7h30. Vivement le soleil, je commence à avoir les pieds engourdis, pour d'autres ce sont les mains.
La pause est courte, nous repartons en direction du col de Cabre. J'accuse un peu le coup, pas tellement physiquement puisque les jambes répondent bien mais je suis fatigué, une insidieuse envie de dormir. Aussi je monte ce dernier col (déjà !) à ma main, me laissant volontairement décrocher.
Nous avons retrouvé le soleil avec bonheur dans cette ascension facile. La descente n'est pas froide, nous pouvons en profiter, d'autant plus que la route est belle et les paysages attrayants. Nous prenons un dernier coup de froid brusquement, à Beaurières, une fois bien calés en fond de vallée.
Les kilomètres me semblent bien longs. Je me suis habitué aux parcours montagneux, aux routes tortueuses. Celles-ci sont composées de longues lignes droites monotones. Ça ronronne comme dirait l'insatiable avaleur de kilomètres de Saint Marcellin.
Ca défile vite. Nous arrivons à Crest, soit environ 200km de parcourus, à 10h30. Avec Yann nous décidons de faire une pause plus longue que nos compagnons, j'ai besoin de me refaire et de manger un peu plus consistant. Nous repartons après un quart d'heure, repus et dans une tenue plus conforme à la température devenue douce, cap au nord avec le vent comme nouvel allié.
Faut bien la nourrir cette grande carcasse ! (photo Olivier B.)
J'ai retrouvé des forces, la fatigue a disparu. Les lignes droites presque plates s'enchaînent, heureusement agrémentées de jolis villages et de "portes d'entrée" dans ce Vercors que je ne connais pas encore de ce côté-là. Je me laisse guider par Yann et son GPS, bien pratique quand on ne connait pas la route à suivre. Et plus on avance mieux je me sens maintenant.
En arrivant à Hostun des panneaux de déviation sont mis en place. Peu importe, en vélo on passe partout, nous poursuivons donc, pour tomber en pleine fête !
Pardon, pardon, pardon... nous passons (à pied bien sûr) dans la foule étonnée, parfois amusée.
Dernier pointage à Saint Nazaire en Royans, court intermède avant de retrouver les lignes droites (je sais, j'insiste, mais qu'est ce que ça m'a semblé long !). C'est avec un certain soulagement que je vois la piste cyclable se profiler, contrairement à Yann qui visiblement ne l'apprécie pas.
Alors que plus les kilomètres défilent mieux je me sens, c'est tout l'inverse pour Yann. Les bornes commencent à peser dans les jambes. A mi-chemin de cette voie verte nous faisons une dernière halte, comme pour faire durer le plaisir de cette nouvelle belle journée de vélo.
Un dernier effort pour rejoindre le point de départ, 10h40 après avoir débuté ce BRM. Je quitte Yann un petit moment pour rentrer chez moi, lui va retrouver sa famille avant de venir "fêter" ce 300 autour d'une petite mousse bien méritée. En plus nous sommes rentrés à l'heure pour voir l'arrivée du Tour des Flandres !
Ce premier week-end de test est très positif. Avec plus de 520km parcourus sur ces deux jours à des vitesses très correctes en ne dormant que 2h30 je dépasse assez largement mes attentes. Certes la météo a été favorable, mais ça fait quand même du bien au le moral et c'est une très bonne indication pour la suite de la préparation.
Le week-end en chiffres :
Samedi
Distance : 184.8 km
Dénivelé : 3300 m
Durée : 7 h 02
Vitesse moyenne : 26.3 km/h
Dimanche
Distance : 341.4 km
Dénivelé : 2700 m
Durée : 10 h 55 (hors pauses)
Vitesse moyenne : 31.3 km/h